Lauréats Bourse « Une jeune compagnie / Un.e jeune photographe »

Trois projets collaboratifs soutenus à hauteur de 1500 €

COMMUNIQUE DE PRESSE – Paris, le 16 mai 2024

Les photographes professionnel.le.s participent pleinement à l’économie du spectacle vivant. Leur travail n’est pas seulement indispensable à la presse, mais aussi à l’ensemble des créateurs et des lieux de diffusion de toutes les disciplines artistiques.

En documentant, de façon continue, la création française et internationale et l’action de l’ensemble des lieux et réseaux de diffusion à travers les territoires, ils jouent un rôle essentiel dans la constitution d’un patrimoine des arts de la scène.

L’association PASS, soutenue par la Direction du théâtre du ministère de la Culture (DGCA) a pour vocation la défense des droits des auteurs et autrices photographes professionnel.le.s du spectacle vivant et la promotion des échanges et rencontres entre les photographes et leurs partenaires.

L’association souhaite promouvoir des rencontres entre de jeunes compagnies (théâtre, danse, cirque, arts de la rue, marionnettes et objet, jeune public et tout public…) et des photographes émergeant.e.s à l’occasion d’un projet de création, dans l’espoir de susciter des collaborations durables.

32 projets collaboratifs ont été déposés.

Nous avons été surpris à la fois par le nombre de propositions et leur qualité.

Le jury réuni le 16 mai dans les locaux d’Artcena a retenu les trois dossiers suivants :

La photographe Elsa Biyick associée à la Compagnie Bleu Gorgone. La pièce de théâtre Pratique de la ceinture, ô ventre sera créée le 12 mars 2025 au Théâtre National Populaire de Villeurbanne. Le projet est lauréat du Prix Incandescences organisé par le Théâtre des Célestins et le TNP Villeurbanne.

Le photographe Oscar Chevillard associé à l’Ensemble Multidisciplinaire Kinêtikos autour de leur projet RECIPROCALS qui sera présenté en décembre 2024 au Générateur à Gentilly puis au centre Wallonie Bruxelles.

La photographe Anouck Everaere associée à la compagnie de danse Collective/less autour du projet de création L0 (l’ailleurs est l’avant). Une résidence de recherche est programmée en août 2024 au Botswana.

Ces trois projets collaboratifs seront soutenus à hauteur de 1500 €.

Parmi les 32 projets présentés, nous souhaitons décerner également une mention spéciale, aux propositions de Joseph Banderet, Jean-David Lemarié et Ludovic Rozet.

Un grand merci aux membres du jury :

  • Gwénola David, directrice d’Artcena (Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre).
  • Pierre Grosbois, photographe de spectacle.
  • Brigitte Patient, journaliste, auteure du podcast sur la photographie : « Ecoutez Voir ».
  • Olivier Saksik, attaché de presse et chargé des relations extérieures de très nombreux artistes ou structures culturelles.

Émile Zeizig

président de l’association PASS

Bourse « Une jeune compagnie / Un·e jeune photographe »

Trois projets collaboratifs seront soutenus à hauteur de 1500 €

Les photographes professionnel·le·s participent pleinement à l’économie du spectacle vivant. Leur travail n’est pas seulement indispensable à la presse, mais aussi à l’ensemble des créateurs et des lieux de diffusion de toutes les disciplines artistiques. 

En documentant, de façon continue, la création française et internationale et l’action de l’ensemble des lieux et réseaux de diffusion à travers les territoires, ils jouent un rôle essentiel dans la constitution d’un patrimoine des arts de la scène. 

L’association PASS, soutenue par la Direction du théâtre du ministère de la Culture (DGCA) a pour vocation la défense des droits des auteurs et autrices photographes professionnel·le·s du spectacle vivant et la promotion des échanges et rencontres entre les photographes et leurs partenaires. 

L’association souhaite promouvoir des rencontres entre de jeunes compagnies (théâtre, danse, cirque, arts de la rue, marionnettes et objet, jeune public et tout public…) et des photographes émergeant·e·s à l’occasion d’un projet de création, dans l’espoir de susciter des collaborations durables. Elle lance ainsi à partir du 15 décembre 2023 un appel à projets collaboratifs dont voici les détails :

Conditions :

Cet appel à projets est ouvert à des projets présentés en commun par :

  • Une jeune compagnie professionnelle (- de 5 ans), disposant d’un récépissé d’entrepreneur de spectacles, exerçant en France métropolitaine et / ou outre-mer;
  • Un·e photographe en voie de professionnalisation ou nouvellement installé·e.

Objectifs :

Le travail photographique réalisé permettra à la compagnie de disposer de supports de communication et d’archivage, et au ou à la photographe de justifier de son inscription dans un parcours professionnel structuré. Le projet donnera lieu à une restitution, si possible sur le lieu de la création.

Tous les types (photo de scène, de répétition, portraits, autres) sont admis. Les photographies produites devront être de qualité professionnelle et constituer un ensemble cohérent, qui contribue, de façon concertée avec la compagnie, à la promotion de son spectacle. La compagnie s’engage à faciliter la réalisation du projet.

Sélection des projets

Trois projets seront retenus par un jury désigné par l’association PASS, comprenant ses représentant·e·s ainsi que des personnalités extérieures.

Aide et conditions financières

L’association PASS soutiendra chacun des projets retenus à hauteur de 1 500 €, versés au / à la photographe. La moitié de cette somme sera versée à la signature d’une convention entre chacune des parties : compagnie, photographe, association PASS, le solde étant remis à la remise des travaux. 

L’association PASS désignera l’un·e de ses membres, comme référant·e projet et accompagnateur·rice et apportera son expertise dans la rédaction de la convention et les modalités de cession et d’exploitation des images.

Les travaux réalisés à l’occasion de la Bourse « Une jeune compagnie / Un·e jeune photographe » pourront être utilisés par l’association PASS dans le cadre de ses activités de communication, au service de l’intérêt de la profession.

Planning :

  • Date d’ouverture des candidatures : le 15 décembre 2023
  • Date de clôture des candidatures : le 31 mars 2024
  • Date d’annonce des projets soutenus : le 31 mai 2024
  • Date de la remise des travaux : le 31 mai 2025, ou à la date de la création du spectacle si elle est antérieure

Pour toute demande de renseignement, merci de bien vouloir nous écrire : cliquer ici

« Une niche » par François Fogel

François Fogel, Portraitiste, photographe de scène et reporter, nous propose son analyse de l’évolution de notre métier https://francoisfogel.com/Une-niche

Une niche 1 : montrer, créer

Qui, au-delà d’un cercle de passionnés, se souvient que Claude Bricage, que Nicolas Treatt étaient, il y a trente ans, des maîtres de la photographie de scène ? Pour ceux et celles qui achètent, impriment et exposent des images, et forment ainsi la culture du public, parler de grands portraitistes, de grands reporters photographes, de grands photographes de mode a du sens : la valeur de leur travail dépasse leur époque. Parler de grands photographes de théâtre, pas tellement. Sont-ils, d’ailleurs, les auteurs de leurs images, ou bien de simples témoins de la création des autres ? Réflexions sur une profession envoutante, et en quête de reconnaissance.

« La photographie de théâtre ose mettre en scène le théâtre lui-même ». Cette phrase de Claude Bricage, citée par Christophe Raynaud de Lage en exergue de son exposition à la Maison Jean Vilar, à l’occasion du dernier Festival d’Avignon, exprime parfaitement l’ambiguïté de la position du photographe dans le théâtre : son point de vue est forcément personnel, hétérodoxe. Qu’il se regarde ou non comme un artiste (question récurrente dans l’esprit des photographes eux-mêmes, mais peu pertinente au théâtre, où, par définition, les artistes sont partout), il se démarque d’un collectif fortement structuré, la troupe, les techniciens, les responsables du théâtre, au sein duquel l’unique regard légitime ne saurait être que celui du metteur ou de la metteuse en scène.

Or, le ou la photographe fait des choix et compose, à partir d’une bibliothèque infinie d’images vues et d’émotions vécues. Tout compte. Toutes ses expériences visuelles, qu’elles aient été agréables ou désagréables, conscientes ou inconscientes. La profondeur (ou bien la superficialité !) de cette imprégnation, la faculté de hiérarchiser ses propres représentations, par exemple le fait de ressentir de fortes affinités esthétiques avec des maîtres des arts graphiques, donne du sens à cet ensemble, en fonction de la personnalité de chacun·e, et de sa capacité à s’exprimer.

Comme cela a été mille fois souligné, la verticalité, voire la brutalité des rapports de pouvoir au théâtre est proportionnelle au prestige de la production et aux intérêts économiques en jeu. On part travailler avec un collectif de circassiens du Sud-Ouest d’un pas plus léger qu’avec un opéra national à Paris. Pour tout arranger, le photographe intervient, la plupart du temps, dans des conditions de fragilité généralisée pour toute l’équipe, juste avant la première. Sa venue est bien plus souvent considérée comme un mauvais moment à passer que sincèrement souhaitée.

Que, malgré tout, la confiance s’établisse, et tout change. Les coopérations à long terme sont le sel de ce métier. Pour prendre les exemples les plus connus, les rencontres magiques et passionnées d’Agnès Varda avec le TNP de Vilar, de Martine Franck puis de Michèle Laurent avec le Théâtre du Soleil, de Claude Bricage avec Patrice Chéreau ont fait date. Elles ont ancré le parcours des intéressé·e·s dans l’histoire, et avec eux, le travail des acteurs et des actrices de leur troupe, et de nombre de leurs complices en création. Sans les photographes, il serait impossible de se représenter de façon cohérente le travail des Patrice Cauchetier, Richard Peduzzi, Guy-Claude François, Françoise Chevalier et des autres, sur le lequel les générations présentes construisent leur parcours. De même, l’identité, et, par voie de conséquence le récit que les grands théâtres et les grands festivals, à commencer par Avignon, livrent chaque saison à leur public, est étroitement lié à l’illustration. C’est à dire, majoritairement, à la contribution des photographes passés et présents… qui n’est, au bout du compte, pas étrangère aux performances de leur billetterie.

Avec quelques efforts d’aménité, tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes culturels, si les photographes de spectacle n’étaient pas confrontés à une précarité économique et sociale massive.

Une niche 2 : Comme un problème social

Pourtant producteurs d’une matière indispensable à tout un système, les photographes du spectacle vivant sont confrontés à une précarité massive. Pourquoi ?
En sortant d’une séance photo durant laquelle, aux côtés de ses nombreux collègues, il a donné le meilleur de son art, le ou la photographe de spectacle sait qu’il ne dispose que d’un temps réduit pour vendre ses images. Aussi réussies qu’elles puissent être, ses photos de cette saison ne lui serviront pas beaucoup la saison prochaine. Un spectacle chasse l’autre, c’est dans la nature des arts vivants, mais c’est encore plus vrai en France : notre pays se distingue chaque année par une quantité de nouvelles créations sans aucun équivalent à travers le monde, mais, également, par un nombre moyen de représentations par spectacle d’une aberrante faiblesse (1).

Adieu la presse
Vendre vite, donc, mais à qui ? Déjà mal en point, tributaire d’un lectorat vieillissant et de ressources publicitaires toujours plus rares, la presse écrite mit les deux genoux à terre lorsque survint internet, accélérant la précarisation de tous les métiers de la chaine de production. Les années qui suivirent virent le naufrage, dans des conditions parfois peu glorieuses, des principales agences photographiques, parmi lesquelles Gamma, Sygma et toutes leurs filiales, et, en ce qui concerne le spectacle, de l’agence Enguerand, jadis quasi monopolistique. Avec leurs pratiques sociales parfois discutables, les agences historiques, peuplées de grand·e·s professionnel·le·s de la vente d’image, n’en constituaient pas moins une relative garantie pour les photographes, désormais livrés au marché dans sa version la plus brutale. À l’heure actuelle, seule une poignée de titres nationaux rémunèrent les images dans des conditions pouvant être considérées comme décentes (2), tandis que la monnaie de compte pour les photos publiées légalement sur internet est le centime d’euro.

Pour le reste, c’est à dire face au nombre colossal d’images diffusées illégalement chaque jour sur les réseaux sociaux, les photographes, comme tous les autres auteurs et autrices d’œuvres de l’esprit, n’ont que leurs yeux pour pleurer, et l’espoir que les prochains développements de l’intelligence artificielle leur offrent enfin des outils pour faire cesser le pillage de leurs droits.

Cours-moi après, que je t’exploite
Les producteurs et les diffuseurs de spectacles, quant à eux, en dépit d’une utilisation intensive d’images dans leur communication (affiches, programmes de saison, dossiers de presse et de présentation, sites internet, réseaux sociaux, bannières, expositions, rapports), ne sont, ou ne se jugent, en général pas suffisamment dotés pour passer des commandes auprès d’un ou d’une photographe professionnel·le. À l’exception de quelques grandes institutions, seules en mesure de s’engager dans une collaboration à long terme, compagnies, théâtres et festivals ont tout intérêt, en bonne logique marchande, à faire jouer la concurrence, lors de séances photos réunissant autant de professionnel·le·s que possible, sans aucun engagement à leur égard. Le ou la responsable de la communication n’a plus alors qu’à négocier à la baisse l’achat de quelques photos de son spectacle, choisies parmi les centaines qui lui seront proposées, réalisées intégralement aux frais de photographes trop conten·te·s d’être là. Elles seront mises gratuitement à disposition de la presse, annihilant ainsi l’essentiel des perspectives de rémunération de ceux et celles dont le travail n’aura pas été retenu.

Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que la majorité des membres de la profession, agents hautement qualifiés au service du spectacle vivant, se contente, au mieux, de niveaux de rémunération équivalents au RMI et d’une couverture sociale minimaliste. Une situation d’autant plus questionnable au sein d’une filière, le spectacle vivant, dans laquelle, en France, pratiquement toute activité professionnelle bénéficie directement ou indirectement d’argent public, et dont l’ensemble des métiers est strictement encadré par une convention collective garantissant salaires, protection sociale, indemnités chômage, droits à la formation, congés payés et remboursement des frais professionnels. Contrairement même à leurs collègues opérant dans le cinéma, la télévision, les industries musicales, tous en mesure d’être reconnus comme techniciens intermittents du spectacle, les photographes de théâtre n’ont d’autre choix que de travailler en indépendant·e·s, assumant, à la grande satisfaction de leurs clients, l’ensemble des risques et des charges.

Very poor lonesome cowboy
Pourtant logique, l’inscription des photographes du spectacle vivant travaillant directement pour des compagnies, des théâtres, ou des festivals dans l’annexe 8, le règlement de l’Assurance chômage définissant la liste officielle des métiers du spectacle est loin d’être acquise. D’une part parce qu’on imagine mal partenaires sociaux et pouvoirs publics déborder d’enthousiasme à l’idée d’ajouter de nouveaux bénéficiaires à un régime des intermittents déjà lourdement déficitaire. D’autre part parce qu’une telle avancée supposerait en premier lieu, de la part des photographes eux-mêmes, le renoncement à une culture fondamentalement individualiste, et une capacité à se doter d’institutions représentatives suffisamment puissantes pour parvenir à une amélioration de leur statut.

Cet article se base sur le contexte français tel que je le connais. Je serais très heureux d’en apprendre plus sur les réalités dans d’autres pays, et d’engager une réflexion plus large

1 : On trouvera un exemple frappant dans l’étude publiée par l’ONDA sur la diffusion de la danse entre 2011 et 2017. Pour environ 700 nouvelles œuvres chorégraphiques déclarées chaque année au répertoire de la SACD, « le nombre moyen de représentations par spectacle a été d’environ 5,2 par an, la médiane oscillant entre 2 et 3. Sur la période totale des cinq ans, la moyenne se situe à 8,9 représentations par spectacle et la médiane à 4 ». Le Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles vient également poser la question du « Toujours plus », en référence aux impératifs de réduction de l’impact écologique du spectacle vivant.

2 : Cela n’a, en particulier, jamais été le cas de Libération, qui peut, à bon compte, proclamer haut et fort son « amour de la photo » à l’occasion de sa rétrospective aux Rencontres d’Arles.

On me vole une photo, je suis condamné à payer 3000 € à « l’emprunteur ».

Tribune

Le Théâtre de Rungis a utilisé une photo du photographe Michel Cavalca pour réaliser une bâche de très grande dimension placée sur le théâtre pour illustrer la saison 2020-2021.

La photo d’origine a été modifiée pour ce tirage. Aucune signature n’apparaît.

Le théâtre a « omis » de demander les droits au Photographe.

Le 11 mai 2023, la 1ère Section de la 3ème Chambre du Tribunal Judiciaire de Paris « CONDAMNE M. Michel CAVALCA à payer au Centre culturel Arc-En-Ciel, Théâtre de Rungis la somme de 3.000 euros sur le fondement de l’article 700 du code de procédure civile ; »

Comment peut-on en arriver là ?

  • Le 7 septembre 2020, informé par un collègue photographe, Michel Cavalca découvre l’utilisation de sa photo par le Théâtre de Rungis. Il le met en demeure par lettre recommandée de démonter la bâche et de lui verser 4000 € de dommages et intérêts, montant basé sur la taille de l’affiche et la durée d’utilisation (une saison).
  • Le 16 septembre 2022, le théâtre de Rungis indique avoir pensé que la photographie était libre de droits, adresse des preuves du démontage et propose une indemnisation de 1 500 euros.
  • Michel Cavalca refuse cette somme jugée insuffisante.
  • Le 26 avril 2021, le photographe sûr de son bon droit assigne le théâtre de Rungis devant le tribunal judiciaire de Paris « en contrefaçon de ses droits d’auteur » et porte sa demande à 7 000 €.
  • Il apporte la preuve d’être bien l’auteur de la photo par constat d’huissier.

Aidé par un avocat, le théâtre de Rungis va arguer du défaut d’originalité de la photo.

De quoi s’agit-il ?

  • L’avocate Joëlle Verbrugge dans l’ouvrage « L’Originalité en photo et Vidéo », commence sa préface ainsi : « Consacrer un ouvrage entier [346 pages] à la notion d’originalité était un pari osé. Et pourtant, si l’on en croit le nombre de jurisprudences sur la question, cette question est au cœur de la quasi-totalité des litiges de contrefaçon de photographies et de vidéo » 29bis éditions – ISBN 9 791096572267 – 02/07/2021 (Précision : Maître Joëlle Verbrugge n’est pas intervenu dans cette procédure).

Pourquoi la notion d’originalité est-elle au cœur des débats juridiques ?

  • Simplement parce que l’article du Code de propriété intellectuelle indique « Le titre d’un œuvre de l’esprit dès lors qu’il présente un caractère original, est protégé comme l’œuvre elle-même »
  • C’est le seul endroit de ce code à ma connaissance où l’on évoque l’originalité de l’œuvre… et cela se réfère au titre de l’œuvre et non à l’œuvre elle-même.

Pourtant la loi 85-660 du 3 juillet 1985 précise dans la liste des œuvres protégeables « Les œuvres photographiques et celles réalisées à l’aide de techniques analogues ».

Conduire le tribunal non pas à trancher sur le fait « incontestable » que la photo a été utilisée indument, mais le conduire dans le « flou artistique » de la preuve de l’originalité est donc la technique utilisée systématiquement par la défense dans ce genre d’affaires.

Il est donc demandé au photographe de prouver en quoi sa photo est originale !

Notons que le théâtre lorsqu’il a proposé 1 500 € au photographe a estimé que la photo était originale, mais qu’à 4 000 €, elle ne l’était plus.

Le Tribunal va trancher [Extraits, je vous conseille évidemment de lire la totalité du jugement https://juricaf.org/arret/FRANCE-TRIBUNALJUDICIAIREDEPARIS-20230511-2106001] – Notons que le photographe ne fera pas appel de cette décision pour des raisons économiques.

  • Déclarer et juger que M. Cavalca échoue à démontrer l’originalité de la photographie revendiquée à l’appui de son action en contrefaçon de droits d’auteur ;
  • [§ 16, page 6]. En l’espèce, le tribunal observe que s’agissant d’un cliché pris lors d’un spectacle de danse, M. Cavalca n’a eu la maîtrise ni de la mise en scène, ni des décors, ni des costumes ou de la lumière.
  • [§ 17, page 6]. En outre, la photographie litigieuse a été prise « sur le vif » de sorte que M. Cavalca n’a pas eu la maîtrise de la pose et de l’expression des danseurs à l’instant de la prise de vue.
  • [§ 20, page 6]. Il en résulte que la photographie litigieuse n’apparaît pas protégeable par le droit d’auteur, de sorte que les demandes de M. Cavalca fondées sur la contrefaçon ne peuvent qu’être rejetées.

Prenons un peu de recul :

A/          Parmi le million de photos prises annuellement par les photographes professionnels spécialisés en art vivant (théâtre, danse…), le théâtre de Rungis pour illustrer sa saison a fait le choix d’une photo sans originalité. C’est son droit, mais n’est-ce pas un évident manque de goût ?

La méthode utilisée par le Théâtre de Rungis apparaît assez triviale : utiliser une photo et attendre que le photographe réagisse… s’il découvre l’emprunt.

Remarquons que théâtre de Rungis sait choisir avec soin les photographes manquant d’originalité : Photographe de l’année 2018, catégorie spectacle : Michel Cavalca.

B/           Viendrait-il à l’idée de quiconque de découper un tableau en le retaillant parce que l’on dispose d’un joli cadre d’une autre dimension ?

Pourtant l’œuvre de Michel Cavalca a été largement défigurée et corrigée au point d’enlever trois danseurs.

C/           Le tribunal constate que le photographe « n’a eu la maîtrise ni de la mise en scène, ni des décors, ni des costumes ou de la lumière » et circonstance aggravante sans doute, la photographie litigieuse a été prise « sur le vif » de sorte que M. Cavalca n’a pas eu la maîtrise de la pose et de l’expression des danseurs à l’instant de la prise de vue.

N’est-ce pas la situation habituelle de toute photo de spectacle ?

  • Doit-on en conclure que les photos historiques d’Agnès Varda retraçant l’épopée de Jean Vilar ne sont pas protégeables par le droit d’auteur ?
  • Et par extension que toute photo sociale n’est pas protégeable : Robert Doisneau ne maîtrisait ni la mise en scène, ni les décors, ni les costumes, ni la lumière… et il réalisait des photos « sur le vif » !

Il est important que les députés et les sénateurs français mettent fin rapidement à ce détournement de l’esprit de la loi.

La Suisse a voté une loi entrée en vigueur le 1er avril 2020. L’Italie et l’Espagne ont des dispositions légales analogues. Source : « Economiesuisse newsletter du 08/05/2020 article non signé »

Le Théâtre de Rungis est un théâtre public financé par la ville de Rungis, le département du Val-de-Marne, la Région Île-de-France et la DRAC Île-de-France.

  • J’ose espérer que les contrats qui lient ces partenaires au théâtre incluent sous une forme ou sous une autre la défense des artistes.

Les Photographes des Arts du Spectacle sont des artistes auteurs, définition retenue par l’administration française et l’URSSAF.

C’est une définition que nous revendiquons : nous sommes des artistes auteurs.

Pour conclure, le Garde des Sceaux, le 13 janvier 2023, a engagé des travaux d’un plan d’action axé sur la « Politique de l’amiable ».

Il me paraît évident que cette procédure aurait dû être traitée de cette manière avant d’encombrer les tribunaux.

Notre association PASS (Photographe des Arts du Spectacle et de la Scène) est prête à y contribuer. J’ai d’ailleurs proposé une médiation au théâtre de Rungis qui n’a pas donné suite.

Émile ZEIZIG, Artiste auteur,

Président de l’Association PASS (Photographes des Arts du Spectacle et de la Scène)

Festival d’Avignon 2023, censure artistique ?

Lors de ce festival d’Avignon 2023, le Théâtre Public de Montreuil Centre dramatique national présentait “Écrire sa vie” de Pauline Bayle. La Compagnie a souhaité “valider les photos des photographes”.

Cette pratique est acceptable s’il y a des scènes de nudité ou un élément du spectacle que la compagnie ne souhaite pas révéler. Ce n’était nullement le cas ici.

Nous avons reçu une validation photo par photo selon le “tri” de la Compagnie : un tiers des photos acceptées, suppression des gros plan des comédiens…

Malgré l’intervention de l’association et avec le fort soutien de l’équipe presse du Festival d’Avignon, le théâtre est resté campé sur sa position. Les photographes ont retiré leurs photos. Elles n’ont pas été transmises à la presse et ne seront pas archivées [Artcena et BnF].

La compagnie va-t-elle bientôt demander de relire les articles des journalistes avec lesquels nous travaillons ?

Assemblée générale 2023

L’Assemblée générale s’est tenue à la Maison Jean Vilar d’Avignon dans les locaux de la Bibliothèque Nationale de France que nous remercions pour son accueil.

De nouveaux photographes ont décidé de nous rejoindre à cette occasion. Bienvenue !

L’année 2022 a été consacrée à créer l’association, concevoir logo et charte graphique et travailler avec une conceptrice pour réaliser notre site internet www.passphotospectacle.com.

Nous avons sollicité un accompagnement administratif auprès d’une administratrice, Sévérine Gros.

Nous avons reçu une aide financière de la Direction du Théâtre du Ministère de la Culture que nous remercions très sincèrement.

Une dizaine de photographes de l’association ont bénéficié d’un exposé de Maître Joëlle Verbrugge sur les composantes du droit d’auteur, les règles sur les cessions de droits, l’analyse de quelques contrats problématiques.

Dès le début 2023, nous avons été confrontés à des difficultés rencontrées par nos membres :

  • Un procès intenté par Michel Cavalca contre le Théâtre de Rungis. Un article spécifique sera consacré à cette affaire.
  • De nouveaux contrats invraisemblables nous sont proposés, comme celui du Ballet Béjart Lausanne…
  • Demandes récurrentes de « photos gratuites »…

Nous avons également abordé lors de l’Assemblée générale la mise en œuvre de notre projet : une jeune compagnie, un jeune photographe.

Les projets 2023

1 – Un travail juridique sera mené en collaboration avec une avocate spécialisée pour aboutir à l’élaboration de modèles de contrats types de cession de droits photographiques, spécifiquement adaptés au spectacle vivant (toutes disciplines de la scène ou de la rue confondues). 2 – Pour favoriser la transparence, une consultation entre pairs permettra d’établir et … Lire la suite

Choix du logo et campagne de cotisations

Le logo est définitivement choisi, la campagne de cotisation est lancée auprès des adhérents. Les contenus des présentations à faire figurer dans l’annuaire en ligne des photographes seront validés à cette occasion.

Partenaires & prestataires

Madame Sophie Zeller, déléguée au théâtre et aux arts associés nous informe que le Ministère de la Culture nous apportera un soutien financier pour l’année 2022. La réalisation d’un logo, d’une charte graphique et du site est confiée à un prestataire. L’Association PASS se dote d’une administratrice.

Désignation du bureau

Réunion du comité exécutif pour désigner un président, un secrétaire et un trésorier au sein de l’association, car la banque exige ces nominations bien que la forme de gouvernance collégiale respecte la législation… Les banques sont plus contraignantes que la loi…

Parution au Journal Officiel

Après la rédaction des statuts et quelques aller-retour avec l’administration, la création de l’association est publiée au Journal Official de la République française. D’autres démarches sont encore nécessaires : Attribution de code INSEE, ouverture d’un compte bancaire, Choix d’un hébergeur et achat de noms de domaines : https://www.passphotospectacle.com et https://www.passphotospectacle.fr…

Le constat

Constatant une disparition progressive du métier d’auteur.e-photographe, un manque de nouvelles vocations, de reconnaissance et de juste rémunération de ce métier, la difficulté d’accès au plateau pour les jeunes photographes lors des générales… L’association PASS a été créée par une trentaine de photographes, le 4 juillet 2022 à la Bibliothèque nationale de France, Maison Jean … Lire la suite